Perpignan : Promenade amoureuse – Part.1

Flânez dans Perpignan de façon romantique, et redécouvrez la ville au travers d’histoires d’amour vécues dans la ville au fil des siècles. Au 19e siècle, les allées Maillol, qu’on appelait la promenade des platanes, était le lieu d’inspiration de la poétesse Amable Voïart, précurseur du mouvement romantique. Elle est l’épouse de Joseph Tastu, éditeur du Mercure de France, tombé fou amoureux d'Amable à la simple lecture de son poème « le Narcisse », qu’elle écrit à l’âge de 17 ans et dont voici un extrait : « Tandis que du bouton, l'enveloppe légère Retient encor la rose prisonnière, Ouvrez vos seins, vous qui devez embellir Ce jour qui vit la fête et l'hymen de mon père » Il est convaincu de ses sentiments lorsqu'il croise enfin son regard lors d’un salon littéraire à Paris… Peu de temps après leur mariage en 1816, le couple part s'installer à Perpignan car Joseph doit reprendre la direction de l'imprimerie paternelle située dans le quartier Saint-Jean. Après 10 mois de mariage, Amable donne naissance à un petit garçon et il n'est pas rare de la rencontrer, flânant le long de « la promenade si vaste et si fraîche, même au milieu des plus grandes chaleurs de l'été, à laquelle les magnifiques platanes qui l'ombragent ont donné leur nom » (Voyage en France, 1879). Cette promenade est assez récente : elle est plantée depuis 1809 sur les glacis… C'est le lieu privilégié des Perpignanais, surtout les soirées d’été où la promenade est alors éclairée. Différents régiments de la ville y donnent des concerts, on y trouve également des vendeurs de glaces et de sucreries. Cette histoire du 14e siècle, nous mène au Palais des Rois de Majorque, sur les traces d’Esclarmonde de Foix, première reine de Majorque, épouse de Jacques 1er de Majorque. Esclarmonde a eu une vie traversée d'épreuves. Dans le testament paternel, se trouve une clause curieuse et formelle : elle ne doit être élevée jusqu'à l'âge de 15 ans qu'au château de Foix. Jacques, grand ami de Roger-Bernard, frère d’Esclarmonde, fait de plus en plus des visites au château de Foix, attiré par les charmes de la petite princesse. Certains chroniqueurs racontent comment le comte Roger IV de Foix, avait fait faire le tour de ses terres à son futur gendre. Ce dernier surpassait en beauté les personnalités de son époque et sa sagesse, sa bonté, sa générosité n'avaient pas leur pareil. Lorsqu'ils arrivèrent au château de Foix, la comtesse et sa fille vinrent à leur rencontre. L'infant salua à la française, mais avec l'émotion les mots lui manquèrent : le charme de la jeune princesse fut tel, qu'aussitôt il lui fit présent d'un collier de trois rangs de pierres d'une inestimable valeur... Une union entre les deux jeunes gens comblait les visées politiques des deux puissantes maisons. Le mariage fut célébré à Perpignan, à l’église romane Saint-Jean-le-Vieux, en 1275. La mort de Jacques le Conquérant survient en 1276 et l’avènement de Perpignan comme capitale du nouveau Royaume de Majorque oblige Jacques et Esclarmonde à s'installer à Perpignan, cité qu'adorait la jeune femme. Pierre III le Grand, roi d'Aragon et frère aîné poursuit de sa haine son frère Jacques pour lui enlever son royaume. Le palais des rois de Majorque est pris par Pierre III. Jacques 1er de Majorque s'enfuit par les égouts laissant Esclarmonde et ses enfants. Ils sont pris en otage mais Perpignan se soulève, croyant Jacques mort assassiné par son frère et Pierre III s'enfuit avec les otages. Il relâche Esclarmonde et sa fille. Un chevalier nommé Vilar rend les enfants au roi qui les confie au Roi de France, Philippe III le Hardi. Poursuivons par une intrigue se déroulant au 18e siècle avec pour théâtre la Loge de Mer. En 1752, le bâtiment est transformé en théâtre par le Maréchal de Mailly, qui fut pendant plus de 30 ans gouverneur du Roussillon par la grâce du roi Louis XVI. Il tenait absolument à occuper la première place de la scène perpignanaise. Vêtu de soie brochée, perruqué de blanc, virevoltant sans cesse sur ses hauts talons rouges, le Comte de Mailly se trouve partout où il estime qu'il est nécessaire qu'il représente le Roi. Il accueillait dans son théâtre les meilleurs comédiens de France. Sa loge était somptueusement décorée de peintures et meublée à la mode de la cour de France. Il fréquentait également les salons de la Marquise de Blanes, personnage de premier plan de la noblesse Perpignanaise. La marquise n'avait pas atteint sa quatorzième année quand elle fut « mariée » au vieux Marquis de Millas, Jean Etienne de Blanes. Elle se retrouva bientôt veuve et richement pourvue d'une des plus considérables fortunes du Roussillon. Si la Marquise est veuve, le Maréchal lui, a sa femme qui l'attend sagement à Paris ! La très discrète intrigue amoureuse qui se noua entre eux eut pour cadre l'Hôtel de la Marquise, rue de l'Ange et l'Hôtel du Gouverneur, rue Mailly. Un passage secret reliait d'ailleurs les deux hôtels, d'un côté donnant sur la garde robe de la Marquise et de l'autre donnant sur un jardin privé du Maréchal. Les heures tragiques de la Révolution vont mettre fin à cette idylle… Mailly fut arrêté en 1793, sous l'accusation d'avoir été trop activement favorable à la monarchie. Il fut condamné à mort et monta courageusement à l'échafaud en affirmant hautement sa fidélité au roi. Menacée d'être appréhendée, la Marquise s'enfuit en Espagne où, dépossédée de tous ses biens elle mena une vie misérable. Si misérable, dit-on, qu'elle dut, pour vivre ses dernières années s'astreindre à l'humble métier de rempailleuse de chaises. Grandeur et décadence… Pour terminer cette escapade romantique, arrêtons-nous quelques instants devant la Vénus de Maillol, grand amoureux des femmes et rendons-lui hommage à travers les mots de Frédéric-Jacques TEMPLE dans Une odeur de femme : « Pourquoi être femme, sinon de Maillol ? On la croise, de la Loge au Castillet, de Saint-Jacques au Palais des Rois, mûre, charnue, vraie figue de septembre, brune de la tête aux orteils, en passant par le reste qui est l'essentiel. »
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